Tout le monde se retrouve a l aéroport de Roissy vers 11h pour un départ
a 14h. Les livres, les cassettes, cartes postales (etc.) ont été
repartis dans une vingtaine de sacs qui partent directement en soute.
Apres un vol de 5 heures sur la Jordanian Airways nous atterrissons a Amman.
Bonne nouvelle : les bagages iront a Beyrouth. Nous n avons donc pas à
les sortir. Mauvaise nouvelle : nous regardons la finale de la coupe du monde
a l hôtel et la déception est grande !
A noter que l hôtel est irréprochable, on nous propose même
d avancer le service du petit déjeuner a 4 h pour notre vol du lendemain.
Dodo ensuite car la journée suivante risque d’être chargée.
Lundi 10 Juillet
Départ à 5h15 de l hôtel puis décollage à 7h et arrivée à 8h a Beyrouth. Nous rencontrons Dijian, la responsable de Caritas, et Hassan. Apres 30 minutes de voiture nous déposons nos 290kg de bagages a USEK avant de rejoindre Jbeil ou sont situes les locaux de Caritas et ou nous allons travailler avec les enfants. Sur place nous rencontrons les responsables et prenons un premier contact avec les enfants. Nous apprécions leur français et leurs sourires. Suit une réunion pour la mise en place des activités, déjeuner avec les membres de l équipe. Apres la dégustation du café libanais et les derniers mises au point nous rejoignons USEK, notre lieu de bivouac. Une sieste bien méritée nous attend, un sommeil réparateur qui nous permet de remettre au point notre planning de la semaine.
Mardi 11 Juillet
C est une rentrée des classes qui nous attend. Il y a 4 groupes d enfants
établis selon leur age. Sophie et Nicolas encadrent celui des 3/5 ans,
Lucile et Thomas se chargent des 6/9 ans, Pierre et Antoine celui des 10/11
ans et les plus ages 12/13ans sont sous la responsabilité de François
et Justine.
Nous commençons les cours à 8h30. Une recréation à
10h30 permet aux enfants de se défouler même si ils ne sont pas
en reste pendant les heures de classe. La nature des cours est fonction de l
age des élèves. Les 3/5 ans par exemple ne parlent pas français,
ce qui ne rend pas la communication facile. Malgré cela et quelques fortes
têtes dans chacune des classes, tout se passe bien et enfants comme profs,
tout le monde est content et fatigues.
Forts d un déjeuner consistant (pain libanais et légumes frais),
nous mettons a profit l après midi pour aller a la plage très
près de notre logement a Kaslik. Il s agit du bain militaire qui n a
de militaire que le nom puisque tous les libanais s y retrouvent.
C est dans un cares idyllique que s achève notre véritable première
journée. Attables sur une terrasse qui surplombe une petite plage, nous
goûtons en plus de l air tiède du bord de mer, un narguilé
et le fameux Arak.
Mercredi 12 Juillet
Deuxième journée de cours. Les élèves sont contents
de nous revoir, d autant plus qu une sortie est prévue pendant presque
toute la matinée.
Hélas, le lieu choisi pour cette sortie bous empêche de faire certains
jeux (les marches d un escalier près d une route), et rend la gestion
du groupe plus difficile. Jus d ananas et tranches de gâteaux permettent
a tous de reprendre des forces pour entonner ‘o angelo’ en attendant
le bus qui nous ramener a l école.
Contrairement à la veille nous choisissons une plage peu fréquentée
et moins chère. Eh oui la plupart des plages sont payantes dans la région.
Quelques courses et ballades dans la ville émaillent une journée
fortement ensoleillée qui n’est sans doute pas la dernière.
Nous apprenons que le Sud donne lieu à des affrontements, la sécurité a en effet été renforcée, cela dit nous ne ressentons pas le moindre danger !!!
Depuis le 12 juillet :
Antoine, François, Justine, Lucile, Nicolas, Pierre, Sophie et Thomas sont depuis le 9 juillet 2006 au Liban et encadrent une colonie de soutien scolaire a Byblos (Jbeil). Ils devaient rester jusqu'au 31 juillet 2006. En raison de la situation actuelle au Liban la Colonie va être interrompue et les animateurs évacués par la mer. En attendant ce plan d'évacuation la Colonie (pour l'instant) continue et tout le groupe se portent bien.
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Lundi 17 Juillet
Étant rentrés spécialement de Rabieh la veille au soir
pour pouvoir recommencer une semaine de cours, le bus n'est pourtant pas à
l'université a l'heure prévue. Un coup de fil à Jihane
plus tard, nous comprenons que Caritas n'avait pas prévu de nous envoyer
a l école aujourd hui.
Deux heures après, le bus est bel et bien là et nous quittons
l'université en direction de l'école, fatigués mais joyeux,
un peu crispés quand même, sans réaliser que ce lundi est
le dernier jour que nous verrons les enfants.
Pendant notre absence, les enfants ont fait leurs devoirs de vacance. Nous sommes
chaleureusement accueillis et avons immédiatement droit à un "Pas
devoirs de vacances, pas devoirs de vacances.." en coeur. S'ensuit une
organisation légèrement improvisée, mais quand on anime
une colonie, il faut parfois savoir oublier le programme.
Les plus grands vont dans la cour pour jouer au foot, les autres sont répartis
dans les classes pour chanter, jouer et faire du dessin. Le "dessiné
c est gagne" a beaucoup de succès auprès des filles du groupe
de 9-10 ans (Pierre et Antoine), ce jeu leur faisant travailler imagination,
français et dessin.
Les tout petits ont même droit à un walt Disney et ont encore les
yeux qui brillent a la fin de Bambi. D'autres enfin s'occupent à dessiner,
bref tous les élèves sont actifs et semblent s'amuser, ce qui
est essentiel pour nous.
Même si "Freddy la terreur" menace élèves et animateurs
à l'aide d'un pieu d'un mètre où d'une pierre, que dis-je
un rocher de 3 kilos (il est utile de préciser que freddy malgré
ses 12 ans a déjà un beau gabarit, il dépasse presque les
filles en taille), la recréation a l ombre près de la chapelle
est l occasion de parler avec tous les enfants, d'apprendre à écrire
son nom en arabe, de jouer a 007. Cela ne fait qu une semaine que nous connaissons
ces enfants et cependant, les frasques de Freddy, les coups en douce de Marc
et les caprices de Tania n'ont déjà plus aucun secret pour nous.
Les activités reprennent lentement leur cours quand soudain, à
midi pétante, une voiture fait irruption au beau milieu du terrain de
football (alors que nous sommes en pleine prolongation a 1 partout…) et
une dame au volant en sort brusquement. Elle fait alors signe aux enfants de
rentrer et accompagne ses gestes de cris en arabe signifiant qu'un pont a proximite
de l'école a été pris pour cible par les israéliens.
Par conséquent, l'école doit être évacuée
au plus vite. Les enfants, peu enclins à stopper net ce qu'ils étaient
entrain de faire, finissent néanmoins par se mettre en rang dans le couloir
principal et nous quittent un par un pour rejoindre leurs parents, arrivés
précipitamment à l'annonce des bombardements.
C est l'heure des adieux, même si nous gardons espoir de les retrouver
le lendemain, où quand le conflit se sera calmé. Nous quittons
par la même occasion le personnel de l école, Pascale qui a perdu
son sourire des premiers jours, Zena qui ne fait plus de blagues vaseuses sur
le Hezbollah, Josephine dont nous n'aurons pas connu la maison où une
fête tous ensemble était prévue, Christelle, la jeune fille
qui nous aidait particulièrement dans le groupe des 9-10, et la dévouée
N'Toni, petite femme au visage ridé toujours très digne et à
la gentillesse incomparable, chargée de nous servir le café du
matin et le déjeuner de midi, aussi émue que nous lors de notre
dernier départ dans le bus de Caritas…
La suite de la journée fut presque anecdotique tant la matinée
avait été intense. Repos, dépit et regrets furent de mise
tout au long de l'après midi et de la soirée, terrés que
nous fûment a Kaslik.
Mardi 18 Juillet
Malgré une longue soirée la veille, tout le monde est debout prêt
a partir a Jbeil a 7h30 "au cas où". Mais la motivation seule
ne suffit pas, un coup de fil à Jihane en ramène certains à
leur oreiller, d autres aux canapés de la salle télévision
pour regarder tantôt euronews, tantôt les clips de MTV.
La journée est longue, très longue et on ne s'éloigne jamais
bien loin de l'université. Guitare, télé, jonglage, jeux
de carte, Arak et autre mixture improbable nous divertissent en attendant mieux.
Le soir, nous avons l'aval d elie, de Jihane et du directeur de Caritas pour
partir aider demain à Beyrouth. Nous décidons, réjouis
mais conscients du danger de partir tous ensemble.
Au lit donc.
Mercredi 19 Juillet
Lever vers 8h, un beignet pour tous.
Nous attendons sur le lit de François l'arrivée de Jihane qui
doit nous emmener en voiture a Caritas ou elle travaille. Les locaux de Caritas
sont situés à Beyrouth nord dans la partie chrétienne qui
n'a pas été touchée (en tout cas à cette heure de
la journée) par les bombardements. En plus de Jihane, Fahim qui est protectron
a l'entrée de l'université s'est proposé d'amener la moitié
du groupe.
Ça y est, 5 membres de la colonies, Sophie, Lucile, Justine, Thomas et
François sont montés dans le 4x4 noir de Jihane tandis que Nico,
Pierre et Antoine embarquent en bus en compagnie de Fahim.
Trajet sans encombre au cours duquel Fahim nous informe que plusieurs camions
de l'armée libanaise ayant réquisitionné des armes du Hezbollah
(confisque en somme) ont été bombardés par les israéliens,
provoquant la mort de12 libanais en zone chrétienne de Beyrouth.
Petite engueulade entre Fahim et Jihane à l'arrivée au siège
de Caritas: en effet, Fahim a pris sa petite commission sur le prix du trajet,
arnaque qui n'est évidemment pas du goût de Jihane qui demande
à la cantonnade "comment dit on trahir la confiance en libanais?"
Les besoins à Caritas sont nombreux et nos bras ne sont pas de trop.
La journée d'inactivité de la veille a usé les esprit plus
qu'elle ne les a apaisés, et le fait de pouvoir apporter un soutien à
Caritas tempère notre sentiment d'impuissance.
La mission dans laquelle notre aide s'inscrit est d'acheminer des médicaments
et de la nourriture aux populations les plus fragilisées par le conflit
israélo-libanais, quelle que soit la confession religieuse des ayant
droit.
Nous aidons dans un premier temps au tri de médicaments, puis, profitant
de notre nombre, nous formons une chaîne humaine afin de charger tout
un camion de lait déshydraté, fromage, sopalin, pain et tous les
produits de première nécessité. La situation d'urgence
de certaines famille brise naturellement les barrières communautaires
pouvant exister en temps de paix.
Le soleil est radieux et il est difficile de songer depuis l'agréable
quartier résidentiel où est situé Caritas qu'à quelques
kilomètres de là, la ville est en ruine.
Vers 13h, alors qu'un énorme camion quitte Caritas et qu'un autre arrive
pour réapprovisionner en eau les réserves, nous descendons tous
à la cave. L'explication? Le survol de Caritas par des avions israéliens
qui font bourdonner nos oreilles!
Passée cette alerte, nous chargeons et déchargeons encore quantité
de produits en tous genres, dans une bonne humeur communicative malgré
le contexte. Nous sympathisons avec un groupe de missionnaires de Saint Paul
qui encadrait également des enfants pour l été mais dont
le projet est tombé à l'eau. Nous chantons et dansons tous ensemble
sur "cot cot la petite marmotte" ce qui permet à tous ceux
qui aidents d'évacuer un certain stress, peu avant de quitter Beyrouth
pour rejoindre notre fief, où une famille de réfugiés nous
apprend-on, emménagera dans les chambres voisines des nôtres en
début de soirée.